La mode, de nos jours serait plutôt à l’hyper-netteté, la fameux « piqué ». Pourtant, savoir jouer avec le flou est une caractéristique des photographes techniquement avancés. Je vous propose de « visiter » ce sujet.
Qu’est-ce que la netteté ?
Le pouvoir séparateur : c‘est la capacité de l’œil, mais aussi de l’objectif et de l’appareil à différencier des objets proches. Pour l’œil, ce sont des lignes de 1mm séparées d’1mm à 5m … SI … vous avez 10 /10ème à chaque œil. Pour l’appareil ce sera la résolution des problèmes de moirages. Pour l’objectif on en parle plus bas.
En général
Notre œil va s’intéresser aux zones nettes, il négligera les zones floues qu’il considérera comme non pertinentes par rapport au sujet traité. C’est un moyen classique de composer en isolant un portrait par exemple.
Souvent si tout est net dans une image le cerveau risque d’être perturbé, saturé d’informations. Que choisira l’observateur prendra-t-il le temps de faire des tris, de décortiquer chaque zone, ou … changera-t-il d’image ?
Mais que se passe-t-il si tout est flou ? Qu’elle place ce genre d’image laisse-t-il à l’imaginaire propre du spectateur, va-t-il se poser, rêver ou fuir par manque d’accroche ?
Dans un cas comme dans l’autre, ce qui fera la différence c’est la combinaison du potentiel de l’image avec la personnalité du spectateur. Une rencontre qui « matche » … ou pas.
En pratique
Les flous involontaires :
Flou de l’objectif :
Les objectifs photos ne sont pas parfaits. En fonction de leur prix ils vont avoir une plage « efficace » qui varie. Pour un objectif « pro » de l’ouverture maximum à f /16. Pour nos objectifs de l’ouverture max +1 ou +2 à f/11 environ. En dehors de cette plage son pouvoir séparateur (le fameux piqué) diminue. Quand on ferme beaucoup se produit un phénomène optique appelé diffraction qui affecte la netteté. Si on ouvre au maximum un objectif de gamme moyenne on aura un résultat médiocre à cause de la qualité optique des lentilles. A cela s’ajoutent les problèmes du couple boitier objectif. Plus le boitier a de pixels plus l’objectif doit être performant. Un capteur de 60 millions de pixels exigera plus de pouvoir séparateur que celui de 10 millions de pixels). Il faut aussi adapter le réglage de l’autofocus au couple objectif + boitier.
Flou de bougé de l’appareil :
Vous avez bougé pendant le temps de pose de l’appareil. Pour éviter cette erreur : bien caler l’appareil (pas de bras tendus) ; augmenter la vitesse ; activer l’anti bougé ; utiliser un pied ou un support improvisé.
Flou de bougé du sujet :
Le sujet a bougé pendant le temps de pose. Résolution : augmenter la vitesse ; changer le point de vue (face/profil) ; suivre le sujet pendant son déplacement (l’environnement sera flou, le sujet net) ; l’asseoir avec un appui-tête (ce qui se faisait aux premiers temps de la photographie). On peut rajouter quelquefois les problèmes des obturateurs électroniques sur les hybrides (effet de « rolling-shutter »). Méfiez-vous du flash. Sur les sujets en mouvement il donne parfois des résultats incorrects si le sujet est plus éclairé que le reste. Dans ce cas passez à la synchronisation sur le second rideau.
Flou de mise au point :
Votre appareil a fait le point au mauvais endroit. Solution : choisir le bon collimateur de MAP, puis passer en mise au point manuelle,
Flou de profondeur de champ :
Deux cas : La zone nette est insuffisante à votre goût. La zone nette est trop importante à votre goût J’y reviendrai plus en détail.
Les flous volontaires
Contrôle du mouvement :
Grosso modo il y a deux techniques pour donner un effet de flou de mouvement. Augmenter le temps de pose accentuera l’effet. La première garder l’appareil fixe, tout ce qui est en mouvement sera flou. La seconde, plus technique, suivre un point précis du sujet pendant son déplacement. Le sujet sera net, l’environnement sera flou.
Les effets de zoom ou de déplacements :
Par rapport à un objet fixe. Il s’agit de zoomer ou dézoomer sur le sujet pendant la prise de vue. On peut aussi zoomer par à-coups …. Si on a un chariot mobile on peut aussi avancer ou reculer l’appareil pendant le temps de pose. Etc.
D’autres flous volontaires :
dans cette catégorie des flous volontaires il y a aussi les effets sur l’eau en mouvement (vitesse lente) et les filés par translation ou rotation de l’appareil, les superpositions d’images …
Les résultats ne seront pas nécessairement à la hauteur de vos espérances au premier essai, il faudra faire de nombreuses tentatives, tâtonner beaucoup et avoir un peu de chance.
Flou par contrôle de la profondeur de champ :
… à suivre
Conclusion
La difficulté principale au-delà de la connaissance technique facile à acquérir est en fait l’œil, mais aussi, surtout, la rapidité de choix et de mise en œuvre de ce dernier. Ce n’est qu’avec beaucoup de pratique et d’entraînement qu’on peut espérer arriver à mettre en œuvre la théorie. Heureusement, au risque de choquer les puristes, on peut, dans une certaine mesure effectuer quelques corrections en post-traitement. En n’oubliant surtout pas la règle : quand ça semble parfait on revient en arrière de 50% pour éviter l’effet « carnaval ».
J-H Lartigue à ce propos : « … à condition de n’être pas trop violente ni trop piquée la photo en couleur me semble grâce à un certain flou le mieux capable d’exprimer le charme et la poésie … ».