Photographier c’est dessiner avec la lumière dit-on (c’est l’étymologie). En fait, dans la pratique on dessine plus avec … les ombres.
Quelle lumière : le même sujet pris à divers moments donnera des images différentes.
- Couleur : dominante chaude (tirant vers l’orange/rouge) ou froide (tirant vers le vert /bleu) ? Pour mémoire les couleurs chaudes ont une température basse (en Kelvin) et vice versa … Quand je parle de couleur chaude je parle donc du ressenti culturel, pas de science.
- Intensité : plus nous avons de lumière disponible, plus nous pourrons privilégier des réglages optimums pour la vitesse et l’ouverture. Quelquefois il faudra même peut-être atténuer sa quantité en utilisant un filtre gris neutre. Par contre quand nous n’en n’avons que peu la qualité technique de l’image tendra à se dégrader, il faudra faire avec et choisir des priorités : Profondeur De Champ, vitesse, bruit numérique.
- Diffusion : si vous souhaitez mettre en valeur le relief et les ombres mieux vaut une lumière dure (forte et dirigée). Si vous souhaitez donner une impression plus douce, hivernale on privilégiera une lumière diffuse qui estompera les ombres
- Direction : généralement il faudrait préférer une lumière oblique. Je pense que c’est globalement plutôt vrai pour mettre en valeur les modelés. Les ombres portées sont plus intéressantes. Mais pas forcément systématiquement, si une lumière zénithale correspond mieux à votre projet pourquoi pas ?
- Un éclairage de face (flash) atténuera presque complètement les reliefs et donnera un cliché assez plat (ça peut être utile pour masquer les rides …).


La lumière naturelle
- Ponctuelle : plein soleil
- Diffuse : temps nuageux soleil voilé
- Les moments de la journée : S’adapter au projet d’image : Claude Monet a peint de sublimes tableaux du même lieu simplement en l’observant à divers moments de l’année et de la journée (cathédrale de Chartres, …). Les ambiances changent complètement en fonction de l’éclairage naturel, combinaison de la position du soleil (voire de la lune …) et de la météo. Soleil levant, matin d’hiver brumeux, heure bleue, … autant de possibilités de créer une atmosphère
- Compléter : il est parfois utile de compléter la lumière naturelle par un éclairage artificiel qui viendra, par exemple déboucher les ombres. En macrophotographie c’est un procédé très utilisé, en portrait aussi. Le flash ne se substitue pas complètement à l’éclairage naturel mais apporte un plus.
La lumière artificielle
- Contrôlée : quand nous gérons complètement le nombre de sources, leurs couleurs, leurs positions, leurs intensités, leurs diffusions. En se souvenant quand même que plus il y a de sources plus leur gestion est difficile.
- Imposée (musée, concert, etc.) C’est le cas le plus complexe, les sources de lumières, parfois incohérentes (position, intensité, température, …) se mélangent. L’appareil aura du mal à faire une balance des blancs et des réglages corrects. Nos images présentent alors une dominante peu naturelle et des écarts de luminosité qu’il faudra corriger en post-production. Quand un sujet est éclairé à la fois par une lumière chaude et une lumière froide sous des angles différents et avec des spots en contrejour la correction relève de l’exploit.
- Une piste d’exercice pour progresser : Lorsque vous utilisez plusieurs éclairages artificiels, si c’est possible, mettez des filtres colorés différents sur chaque flash. Ça permettra, en post production, de bien voir l’effet de chaque flash et d’ajuster les réglages par couleur. Bien sûr, le résultat ne sera exploitable qu’en noir et blanc. Pour cet entrainement, privilégier, au moins dans un premier temps, un objet clair, mat, avec des volumes saillants.


Regarder les ombres
L’observation attentive des ombres avant d’envisager un quelconque cadrage permet souvent d’éviter des erreurs : autoportrait involontaire, ombre portée extérieure qui gâche le sujet, ombre mal positionnée qui font sortir le regard de l’image, …
Se lever … de bonne heure est sans doute le secret du photographe de terrain. L’idéal pour profiter de la lumière la plus flatteuse.
Le contre-jour : tous les photographes sont attirés par les contre-jours. C’est un exercice très difficile dans la mesure où on « crame » rapidement l’image dans la zone lumineuse. Tout l’art du contre-jour réside donc dans le masquage partiel de la zone très lumineuse par une astuce quelconque …
Au développement
On peut aussi jouer sur les contrastes et l’interprétation colorée au moment du développement pour produire une image plus contrastée ou plus douce, plus saturée ou plus pastel, aux dominantes plus chaudes ou plus froides, en noir et blanc, etc. Par contre, il sera très difficile de modifier la direction globale de la lumière !
Conclusion
La gestion de la combinaison lumière / ombre est sans doute un des éléments essentiels pour arriver à prendre des clichés à vocation esthétique. Même si on y arrive rarement ça vaut le coup d’essayer !