Faut-il donner un titre à une photo ? Ce simple geste, représente des avantages et des inconvénients que je vous propose de regarder ensemble.
Les cartels
De nombreuses œuvres muséales sont accompagnées de cartels, ces étiquettes qui présentent l’œuvre. Certaines donnent des indications techniques et historiques, qui sont précieuses pour situer l’œuvre dans la démarche personnelle de l’artiste dans son temps. C’est une démarche cognitive.
D’autres sont de vrais romans qui expliquent la démarche « philosophique » de l’artiste. C’est devenu très courant dans l’art moderne. A tel point que plusieurs musées et expositions les ont bannis de leurs cimaises au profit éventuellement de livrets disponibles à lire … ou pas. Actuellement le monde de l’art est partagé.
Cependant, si le texte devient prégnant sur l’œuvre, ou si l’œuvre plastique nécessite un long texte pour être perçue, l’artiste n’est-il pas en échec ?
Vous comprenez que je suis un peu dubitatif sur la démarche qui consiste à inviter le visiteur à passer plus de temps à lire qu’à percevoir, même si un cartel peut éventuellement éviter les visites « zapping ». Encore que dans un musée on choisit quelques propositions, on ne « voit » pas tout.
Et les titres alors ?
Il peut arriver qu’une image qui ne vous semble pas, à priori, intéressante, que vous trouvez plutôt banale prenne davantage de valeur si le titre qui l’accompagne ouvre une perspective nouvelle qui vous aurait échappé. Dans ce cas, le titre donne une piste de lecture, soutient la démarche, permet de mettre en valeur une dose d’humour ou autre.
Mais un grand photographe comme Martin Parr par exemple n’en n’a pas besoin ; ses images nous parlent d’elles même.
Un autre avantage du titre c’est qu’il permet de différencier des images proches (indication de sujet, de l’année, de nombre dans une série).
Dans certaines circonstances le titre est exigé par l’exposant comme moyen de différenciation. Dans ce cas il est généralement plutôt neutre et sommairement descriptif. Par exemple : « Impression soleil levant » de Monet. Il interfère très peu dans la lecture de l’image.
Il arrive qu’une composition artistique devenue iconique reçoivent un titre à postériori qui l’identifiera au regard de l’histoire de l’art. Mais ce n’est plus la même démarche. Je crois que « La jeune fille Afghane aux yeux verts » de Steve Mc Curry est dans ce cas (je ne suis pas sûr).
Par contre si le titre ferme l’imagination du spectateur et « prédigère » la lecture de l’image il pourrait être, mais pas toujours, un aveu d’échec.
Conclusion possible
Si l’image doit être vue au second degré un titre peut guider le spectateur. Sinon, il ne s’impose pas. Sauf dans le cas où il permet de différencier plusieurs images (mais là on est plus dans le classement en fait). Dans un lieu d’exposition je préfère d’abord voir l’œuvre sans m’occuper du titre ou du cartel. Si elle m’intéresse et m’attire je vais lire l’information et éventuellement me replacer pour la voir de nouveau.
Les images que je vous propose aujourd’hui ont toutes un titre.
Dans plusieurs cas, à mon sens, ça ne se justifie pas, ça n’apporte rien à l’image (boa et bouledogue).
Et dans tous les cas la police choisie est bien trop grosse.
En « vrai » il faudrait que le texte soit plus petit et placé en bas.