Pourquoi on aime bien le grain et pas du tout le bruit numérique ? Parce que « … c’était mieux avant … ». Non, je rigole ( … à peine …) !
Ce n’est pas la vraie raison. En fait cela tient à la texture. Le grain des vieilles images est irrégulier, en taille et en répartition, du coup il est plutôt esthétique, surtout en noir et blanc. Son côté « vintage » joue aussi beaucoup en sa faveur. Les bruits numériques sont beaucoup plus réguliers et donnent un aspect un peu « sale » à l’image ce qui le rend relativement inesthétique, surtout en couleur.
Qu’est-ce que le bruit numérique, ses différentes composantes, ses causes.
Le bruit numérique est une erreur. Le capteur n’enregistre pas ce qu’il « voit » mais modifie involontairement le réel en lui ajoutant des « micro-poussières » colorées ou non.
Les différentes composantes :
Il existe en fait de nombreux bruits numériques qui influent sur la qualité de l’image (des erreurs aléatoires causées par l’extrême concentration et donc proximité des différents éléments physiques, électriques et électroniques). Mais les deux les plus importants (résultante des autres en fait) sont ceux de luminance et de chrominance.
Bruit de luminance : ce sont de petites tâches noir et blanc qui parsèment l’image. Défaut dans la capture et le traitement de l’intensité lumineuse.
Bruit de chrominance ce sont des amas colorés non pertinents qui altèrent l’image. Défaut dans la capture et le traitement des pixels colorés.
Les causes :
- Taille du capteur et bruit numérique : oui et non. Oui à technologie de même génération et nombre de pixels identique. Non dans les autres cas. Une des causes principales du bruit numérique est la taille des photosites du capteur. Plus un capteur a de pixels, plus les photosites seront petits et engendreront des erreurs. C’est une des raisons qui explique que les appareils pros ont souvent moins de mégapixels que le matériel amateur.
Ci-dessous mêmes réglages, mêmes conditions de prise de vue, même optique, environ 15 ans d’écart entre les deux appareils. Extraits d’images. Aucun traitement. Sortie jpg à partir du raw ; sur les jpg directs de l’appareil le bruit est quasiment invisible mais l’image est « lissée » et perd en détails.


- Échauffement du capteur et des composants électroniques (poses longues). Mais il faut vraiment que la pose soit longue (astro-photographie). Il y a des techniques et logiciels spécifiques (pas simples et un peu fastidieux) pour contrôler ce bruit.
- Et surtout, augmentation de la sensibilité. Le capteur est conçu pour une sensibilité unique. Dès que vous augmentez celle-ci il y a amplification électronique du signal ce qui multiplie les erreurs et dégrade le résultat. C’est un peu comme la différence entre un zoom optique et un zoom numérique.
Prévenir le bruit numérique
- Surexposer un peu. Le bruit est plus sensible dans les basses lumières que dans les hautes.
- Utiliser un pied photo, si le sujet s’y prête. La montée du bruit est moins importante avec l’allongement du temps de pose qu’avec la montée en isos.
- Et bien sûr, gérer les paramètres d’exposition. Essayer dans la mesure du possible d’augmenter l’ouverture et le temps de pose avant de trop augmenter les isos.
Testez votre appareil pour voir jusqu’où vous pouvez accepter le bruit numérique qu’il génère. Une chose est sûre les valeurs extrêmes indiquées par les constructeurs sont des informations marketing.
Quand même, n’oublions pas que les capacités du numérique sont sans commune mesure avec l’argentique. Les pellicules « extrêmes » proposaient une sensibilité de 1200 isos, et le plus souvent l’amateur jouait sur une gamme de 125 à 400 isos (poussés à 800 isos au développement). Les capteurs actuels montent en général sans problème bien au-delà. On voit ci-dessus qu’un appareil vieux de 20 ans se débrouille encore très bien en intérieur sans flash et sans pied photo.
Traiter le bruit numérique
Les logiciels proposent des algorithmes de réduction du bruit numérique plus ou moins performants. Mais il n’y a pas de pas de solution miracle.
Attention au lissage des textures. Éviter le rendu pâteux et la perte des détails. Éviter aussi la « sur-accentuation » qui donne un aspect irréaliste. En plus, comme ces logiciels font appel à des techniques d’intelligence artificielle les résultats dépendent beaucoup du type de photo que vous allez leur proposer : ils sont « entraînés différemment. Certains sont meilleurs que d’autres dans tel ou tel domaine photographique et plus faibles dans d’autres. Possédant plusieurs logiciels j’ai été de surpris de voir que suivant le sujet le « classement, « à mon goût », différait.
Le bruit de chrominance (couleur) est le plus inesthétique, mais le plus facile à supprimer sans trop de pertes.
Le bruit de luminance doit être traité avec précaution, c’est son traitement excessif qui conduit au rendu lissé avec perte de détails.


Conclusion
Mieux vaut garder un peu de bruit et ne pas dégrader la texture de l’image.