Les Rencontres photographiques d’Arles : génial ou bof ?
J’ai passé trois jours à Arles (pas cette année, en 2021) et j’ai fui. Mes sensations se révèlent plus mitigées que les habituelles critiques dithyrambiques que l’on peut lire dans les articles « spécialisés ». Suis-je un mauvais coucheur jamais content, c’est possible, … ou pas !
En fait, ce n’est pas tant la richesse, la variété ou la qualité des propositions photographiques des sélections officielles ou du « off » qui m’ont déplu. On ne juge pas l’Art, on le respecte et on l’apprécie, ou non. C’est plutôt l’organisation et l’ambiance qui m’ont fait partir.
L’environnement
D’abord la ville m’a semblé sale. Bon, pas grave, il y en a d’autres. Mais quand même, quand on accueille on fait un effort, on fait propre. Ca s’appelle de la politesse. Même si ça demande un investissement supplémentaire ; après tout ces Rencontres apportent des revenus à la ville.
L’organisation
Mais c’est surtout l’organisation qui déraille. Je la qualifierais de « merdique snob ». Rien à voir avec la joyeuse pagaille pleine de vie et de charme d’Avignon, ni l’élégance discrète de la bourgeoisie de Cannes avec son lot de pauvres qui bavent au pied des marches (j’en fus !). Ici c’est plutôt « je me la pète » et « vous ne comptez pas ». Ça m’a rappelé certaines émissions pseudo culturelles où des animateurs et commentateurs précieux, voire ridicules, croient que parler du nez avec un style ampoulé donnera plus de valeur aux reportages sur les châtelains qui rénovent, les collections privées et les restaurants de luxe ! Non, je ne citerai pas l’émission à laquelle vous pensez tous !
En fait l’élargissement au public d’un évènement plutôt conçu pour les professionnels (ce qui est le cas des premiers jours, chaque année) n’a pas été géré comme une extension, une démocratisation, une ouverture pédagogique, mais comme une obole (chère l’obole !) faite aux petits amateurs sans talent qui sont autorisés à venir humblement admirer la splendeur du génie créateur des pros et éventuellement payer fort cher leurs précieux conseils.
La signalétique est indigente, on oscille entre le mesquin et le ridicule. Même Sherlock Holmes aurait du mal à découvrir certaines expos. Les accès sont labyrinthiques (quelques efforts pour les personnes handicapées, mais sans excès, en particulier aux accueils). Armez-vous de patience et de quelques cachets d’anxiolytiques, de la billetterie aux galeries, ce seront vos meilleures armes pour survivre dans la chaleur et les odeurs locales.
Et les déplacements ? C’est bien de multiplier les lieux d’expositions partout en ville et hors les murs. Encore faut-il prévoir un système de déplacements et de connexions qui ne soit pas indigent. Quand à la circulation … même en deux roues, quelle galère !
Les prix
En plus c’est couteux de voir des expos ! Certes, quelques-unes, rares, sont libres, ouvertes et gratuites.
Ils ne savent pas à Arles que depuis Lartigues et HCB la photo s’est démocratisée ? Eh ho ! On n’est pas à Deauville, vous êtes à Arles !
Bien sûr il y a le « off » parfois plus abordable. Mais quand même, j’ai l’impression que le visiteur est plus considéré comme une vache à lait que comme un amateur d’Art.
Conclusion
Alors, c’est dommage pour les photos, mais, à ce stade, je n’y retournerai pas. Mesdames et messieurs les organisateurs, je le sais, vous n’avez pas besoin de moi. D’ailleurs vous n’avez besoin de personne, l’entre-soi c’est tellement mieux pour se gonfler d’importance et croire qu’on est le centre du monde.
Pauvre Lucien Clergue …