Avec l’été et les grosses chaleurs voici venu le temps de l’infrarouge.
Photographier en infrarouge est une technique /esthétique qui attire souvent les photographes amateurs. Quelques temps au moins, ou par périodes.
Les rendus en fausses couleurs donnent un aspect étrange, surréaliste aux images. Bon, ça peut vite tourner à l’image carnavalesque. Certaines illustrations de ces articles le prouvent. La mesure et la composition sont indispensables.
ATTENTION ! Si vous êtes allergique aux post-traitements compliqués et aux tâtonnements agaçants abandonnez tout de suite le sujet. Il y a certes la possibilité de convertir vite fait en NB mais bon, dans ce cas vous vous lasserez vite !
Le matériel
La lumière infrarouge n’est pas visible par l’œil humain (qui perçoit grosso modo de 400 à 700nm). Pour que les couleurs ne soient pas « déformés » par rapport à notre perception les constructeurs protègent les capteurs modernes contre le rayonnement infrarouge ils n’en laissent pas passer beaucoup.
En conséquence ils reçoivent très peu d’IR. Il n’y a donc que deux solutions : soit vous supprimez la protection. C’est le dé-filtrage (total pour ce type d’image on dit « full-spectrum »). Sinon vous faites des expositions très longues avec un filtre spécifique qui ne laisse passer que certaines longueurs du spectre : les infrarouges. Les capteurs dé-filtrés captent jusqu’à 1000 nm environ (après, pour capter les IR de chaleur il faut du matériel spécial).
Le dé-filtrage
La première solution est relativement coûteuse et définitive. Votre appareil captera désormais la totalité du spectre : UV, visible et IR. C’est le filtre placé devant l’objectif qui déterminera « ce qui passe » vers le capteur.
Inconvénient, cette opération induit des problèmes de Mise au Point et d’AF. La MàP AF se fera uniquement en live-view ; et sans filtre on aura des clichés rosâtres très surexposés.
Cette intervention retire le système de nettoyage automatique du capteur et le remplace par un simple verre. Mieux vaudra ne pas trop changer d’objectif, équipez votre boitier « full spectrum » d’un trans-standard vers 18-100mm. En pratique votre APN ne sera plus dédié qu’aux infrarouges. Pour info en sous-exposant fortement et en appliquant un profil ou un paramètre prédéfini spécifique + une référence gris neutre on peut presque sauver une image prise en urgence sans filtre. Mais c’est tiré par les cheveux ! On peut aussi ajouter un filtre « hot-mirror » sur l’objectif, c’est plus simple (pas testé, pour les photos « normales » j’ai un autre matériel).
Avantage, les temps de pose seront courts, vous pourrez très souvent shooter à main levé (ça dépend du filtre posé). Surtout les traitements en post production seront plus simples et les rendus plus propres.
Si vous êtes intéressé regardez les sites spécialisés, on y trouve des boitiers d’occasion dé-filtrés abordables. Mais pensez qu’il faudra aussi acheter un objectif …
Le simple filtre
La seconde solution est peu coûteuse (juste l’achat du filtre) mais vous ne pourrez pas prendre des images d’objets mobiles (passants, vent, etc.), et la « séparation » des spectres est moins nette, moins « propre », les temps d’exposition longs gênant l’isolation des différentes longueurs d’onde. Le rendu et les traitements en seront plus complexes. Vous devrez souvent détourer et traiter séparément ciel et sol.
Pour débuter et voir si le rapport plaisir / rendu / temps passé au traitement vous intéresse cette solution est à privilégier.
Pensez à vous munir d’une charte de gris. Ça permet un calibrage facile.
Les images qui illustrent ces articles sont faites avec les deux solutions. Pour le web celle « pas chère » est tout à fait valable. Pour des tirages papier « grand format c’est plus douteux ,… à tenter ?
Les filtres
Le filtre utilisé ici est le plus souvent un R72 (autour de 720nm) qui laisse passer le rayonnement limite entre le visible et l’invisible (du rouge foncé au noir pour l’œil humain). C’est celui que je préfère …
Le problème de tous ces filtres c’est le flou artistique autour du spectre réellement filtré. Aucun n’est très précis. Vous ne trouverez jamais une notice claire donnant les longueurs d’ondes acceptées … Comme d’habitude en photo on est plus dans le marketing que dans la science ! Par exemple j’ai testé un 850nm qui filtrait moins bien qu’un 720nm …
Avec les appareils dé-filtrés.
Et seulement avec eux, on peut utiliser d’autres filtres. Plus rares, plus chers. Le 630nm et le chrome IR sont pas mal ils captent une partie plus importante du spectre visible, les rendus sont différents. Si vous les utilisez avec un appareil classique, soit ils se comporteront comme de simples filtres colorés (pose normale), soit vos images seront « cramées » (pose longue). A partir de 850nm ils sont plutôt à réserver au Noir et Blanc (les trois couches RVB se superposent trop pour obtenir un traitement couleur original). Il existe des filtres « variable » et pas cher … là j’ai un très gros doute, mais pourquoi pas.
Il est important que le filtre soit très propre à la prise de vue. Emportez un chiffon doux, ET votre charte de gris !