Dans l’article précédent nous avons présenté le matériel. Dans celui-ci je vous parle de la mise en pratique de la photo infrarouge.
Rappel : les couleurs obtenues sont forcément fausses, on rend l’invisible … visible. C’est une interprétation propre à chaque photographe.
La composition
Le choix du sujet est déterminant en photographie infrarouge. En général des arbres avec un feuillage bien vert, très éclairé, un ciel bleu avec quelques petits nuages si possible et … pas trop pollué. La pollution gêne la différenciation entre le sol et la végétation.
Pour ce type de photo la qualité de la composition est encore plus primordiale !
Classiquement : un arbre isolé en premier plan, un chemin, le ciel avec un ou deux nuages (pas trop, sinon le ciel sera trop clair) et éventuellement un lac (l’eau c’est bien pour le rendu). Par temps nuageux le ciel restera clair après traitement (c’est différent, ça peut être intéressant). Attention, les arbres à l’ombre ne « rendront » rien. Le mieux, à mon sens, c’est le matin pas trop tôt avec le soleil dans le dos qui éclaire bien le feuillage. J’ai essayé avec tout un rideau d’arbre, le résultat graphique me semble décevant. En gros il faut du vert pas trop foncé, du bleu et un poil de blanc bien organisés ! En général en infrarouge on fait du paysage, j’ai essayé d’autres images sans réussir … pour l’instant (il faut du vert !). Avec un 850nm (appareils dé-filtrés) on peut aussi faire du paysage et éventuellement de l’architecture … mais en N-B.
Les conditions de prise de vue sont importantes pour obtenir une bonne séparation des teintes et avoir un traitement satisfaisant. Peu de nuages, plein soleil sur le sujet, peu de pollution, pas de contrejour.
Le rendu du sol n’est pas typique du temps nuageux ou non mais de choix de réglages.
La prise de vue en « raw » !
Le réglage qui semble optimum … avec mon appareil classique (non dé-filtré) … et un filtre R72
Prendre un cliché avec une mire pour la balance des blancs
- Appareil sur trépied.
- Mise au Point avant la pose du filtre, puis tout en manuel.
- Faire une photo « normale » avant (détourage éventuel du ciel plus simple).
- Pose du filtre.
- Isos 100 à 200 ; F/8 ; 10sec environ.
- 10sec. … Bien sûr, mieux vaut qu’il n’y ait pas trop de mouvement …
Avec l’appareil dé-filtré et un R72
- MaP en live-view avec le filtre posé, priorité ouverture
- Isos 100 à 200 ; f/8 à f/10 ; 1/80 à 1/200 sec
Une fois la photo prise, vous aurez, avec un R72, un cliché avec une forte dominante rougeâtre, un ciel un peu plus violacé et plus foncé que le sol, c’est normal et c’est bon signe ! Le plus dur reste à faire : le traitement.
Le traitement infrarouge.
A ce jour c’est cet algorithme qui semble le moins mal marcher avec mon matériel. C’est un mélange de plusieurs conseils piochés sur le web et de « trouvailles » personnelles.
1 – Développement du raw :
- Correction colorimétrique de l’objectif (si votre couple boitier/objectif est étalonné)
- Correction optique de l’objectif
- Correction balance des blancs si vous n’avez pas un profil DNG spécifique :
- Température à 2000 ou moins
- Teinte entre -20 et -50 (ça peut varier). Dans l’idéal le canal bleu tend à recouvrir à peu près le canal rouge)
- Si vous avez un profil dng spécifique IR faire une balance des blancs après l’avoir appliqué.
- Baisser un peu les hautes lumières si nécessaire
- Au final la teinte du ciel nettement plus sombre doit se différencier de celle du sol, même si on reste dans la même gamme colorée (entre bleu et rose violacé).
- Exportation jpg … ou tiff si on veut mieux (dégradés plus propres dans le ciel). Le tiff est très lourd !



2 – Traitement de l’image : en bleu ce qui est facultatif
- Si vous n’avez pas pu affiner la balance des blancs sur le raw terminer celle-ci maintenant.
- Mélangeur de couches réglages de base pour un R72 :
Rouge 0, 0, 100 ; Verte 50, 0, 50 ; Bleue 100, 0 ,0. En fait, on inverse les couches R et B, et on neutralise la couche V.
Ces réglages sont modifiables suivant le filtre et vos envies personnelles. - Correction sélective : Cyans : Cyan à 100, Magenta à 100, Jaune à -100 ; Bleu : C100, M100,-J100 ; et Jaune à C-100, M-100, J100 ; le reste inchangé.
- Niveaux par couche (pas global) : réglages resserrer des 2 côtés sur zones visibles de l’histogramme. A ce niveau aussi vous pourrez encore modifier les teintes subtilement.
- Teinte saturation à votre goût.
- Luminosité contraste si nécessaire.
Note : on peut obtenir des rendus très différents en jouant avec les réglages. Le moindre mouvement d’un curseur engendre une variation de l’image. Il faudra tâtonner pour la mettre à votre goût.
Il arrive que l’on doive détourer le ciel et le sol (surtout avec appareil non dé-filtré) pour les modifier séparément.



Le cliché final peut être traité pour le bruit numérique et le piqué.
En noir et blanc les images sont aussi très sympas !
Suivant le filtre utilisé le raw et les traitements pourront être différents. Mais toujours autour des bases exposées ci-dessus.
Quand je vous disais que c’était compliqué ….
Avec les images ci-dessous les filtres et les traitements sont différents de celui proposé.