Si la couleur vraie existe sur le plan scientifique, il est pratiquement impossible de l’atteindre en photo tant les éléments qui influent sur le rendu sont nombreux.
Les capteurs photo et la couleur
Les capteurs photos n’enregistrent que trois couleurs Rouge, Vert, Bleu et deux fois plus de vert que de rouge ou de bleu. Le fichier raw brut enregistre simplement les valeurs reçues (photons) par le capteur (plus d’autres informations bien sûr).
Alors, comment trouver qu’un pixel est jaune ? C’est une interprétation et un calcul fait à partir de la quantité de lumière reçu sur des pixels proches. En simplifiant à l’extrême si le pixel vert (donc bleu+jaune) « s’allume » mais pas le bleu ni le rouge à côté. Le logiciel interne, ou externe, de dématriçage déduira que c’est du jaune. Parce que chaque logiciel (interne ou externe) a sa propre interprétation les résultats entre deux logiciels seront différents. La plupart des appareils et des logiciels proposent d’ailleurs plusieurs « logiques » de dématriçage.
La lumière ambiante a aussi une grande importance. Elle est à l’origine de dérives colorées.
Si vous ajoutez à ça votre propre vision, les dérives de l’écran, et les modifications que vous allez faire pour que l’image vous plaise ou corresponde à votre souvenir subjectif on sera loin de la réalité objective et scientifique.
Mais restituer la couleur vraie n’est pas forcément d’un quelconque intérêt esthétique. Ce n’est utile que pour le témoignage, la science ou la reproduction.
Pourquoi des dérives
J’ai essayé de lister un certain nombre de raisons ci-dessous mais je suis à peu près certain d’en oublier.
- L’œil : deux personnes ne « voient » pas tout à fait les couleurs de la même manière. Aspect physiologique (cataracte, daltonisme, etc.). Et aspect psychologique (connotation de chaque couleur).
- L’appareil : la technologie du capteur (Bayer ou X-trans), son logiciel interne, (en particulier si vous avez choisi une sortie jpg) influent sur le rendu.
- L’objectif (focale, ouverture, traitements de surface) jouent sur le rendu.
- L’exposition (le bruit et la plage dynamique altèrent les couleurs).
- La lumière ambiante (lumière du jour, soleil, nuages, flash, halogène, etc.).
- Le logiciel de traitement, le profil couleur (Argb ou Arvb, Srgb ou Srvb, Prophoto, …) et le mode colorimétrique de codage choisi (Lab, CMJN, RVB, …).
- L’écran, son âge, sa technologie.
- Le traitement que va subir l’image (luminosité, saturation, variation de teinte, de balance des blancs, etc).
- L’exportation (jpg = 256 nuances par couleur RVB vs Tiff = 16381 nuances par couleur RVB).
- Le média (internet, projection, type de papier), l’environnement de visionnage (lumière ambiante). Le fond (gris neutre, blanc, noir, bleu, rouge, etc.).
- L’imprimante, le type de papier, d’encre, la technologie d’impression utilisée.
Conclusion
Le rendu des couleurs est une interprétation que l’on peut souhaiter (ou non) la plus fidèle possible mais sans plus.
Par contre, les professionnels qui, par exemple, photographient des tableaux dans les musées utilisent des chartes colorées et des logiciels complémentaires pour obtenir une correspondance la plus parfaite possible (calibrage de l’appareil photo avec son objectif, ses réglages, son éclairage). Cependant, le tableau lui-même, en vieillissant, a vu ses couleurs « vraies » s’altérer (poussière, jaunissement du verni, repeints, etc.).
A venir :
La couleur en photographie : aspects artistiques