Nous vivons à l’ère du piqué ! (au singulier, … et peut-être aussi au pluriel ?)
Nous jugeons souvent une photo d’abord sur des critères de netteté, de piqué. Mais qu’est-ce que la netteté, le piqué
Dans la vie normale c’est la capacité de notre œil à distinguer deux points proches comme différents. On appelle ça le pouvoir de résolution de l’œil. Dans la vie réelle il dépend de notre acuité visuelle propre. Des dispositifs correcteurs (lunettes, lentilles, intervention chirurgicale, …) peuvent améliorer notre vue.
En photo c’est la même chose appliquée à l’image : chaque détail est-il bien distinct de son voisin immédiat ? La notion de netteté applique ce concept à la totalité de l’image. La notion de piqué aux détails de celle-ci.
La netteté : comment l’améliorer … ou pas
En préambule il faut préciser que le manque de netteté n’est pas forcément un défaut. Et peut même être une qualité s’il est un choix voulu et assumé. Une image floue peut avoir beaucoup de charme ou d’impact émotionnel.
Le manque de netteté est causé par un capteur défaillant (c’est très rare) ; une erreur de mise au point, une erreur dans le choix de la vitesse (le sujet bouge plus vite que l’appareil ne le fige) ; vous avez bougé pendant la prise de vue (surtout sensible avec les téléobjectifs) ; un objectif défaillant (sale, mauvaise qualité, …) ; une profondeur de champ insuffisante (la zone nette est trop étroite).
La netteté s’améliore essentiellement à la prise de vue. Il est, pour l’instant, quasiment impossible de rattraper en post-production une image floue.


Le piqué : comment l’améliorer
Faut-il vraiment améliorer le piqué d’une image ? Dans certains domaines c’est un plus (animalier, macro, science, tirages grand format, etc.) dans d’autres l’intérêt est limité. De plus cette notion peut prêter à controverse dans la mesure où elle est très « marketing ». D’autant que l’essentiel des images proposées à notre vue sont soit de petit format (livres, magazines) soit de faible définition (web). Que des magazines qui illustrent leurs articles d’images « riquiquis » imprimés en offset bas de gamme fassent l’apologie du « piqué » m’a toujours beaucoup amusé.
Le manque de piqué
Il est beaucoup lié à la qualité de l’optique monté sur l’appareil (son pouvoir séparateur). Et cela en association avec le nombre de pixels du capteur. En gros, un objectif jugé très bon sur un capteur de 10Mpxls risque de devenir médiocre voire mauvais avec un capteur de 50Mpxls. Il ne « séparera » plus assez les détails. Donc vous achetez un super nouvel appareil et … vous êtes déçu par le rendu. En fait il vous faudra aussi changer les optiques.
Notons en plus que les optiques sont très loin de suivre l’évolution des capteurs. Le chercheur qui fera faire un saut technologique aux objectifs est attendu avec impatience. Peut-être qu’un jour des « metalens » remplaceront nos optiques actuelles (pour plus d’infos tapez « metalens » sur un moteur de recherche).


Mais encore …
Autre critère l’ouverture. Une optique a une qualité optimale qui est fonction de son prix (qualité des verres, des traitements, etc.). En général sa capacité de résolution est optimale dans une plage qui va de son ouverture maximale plus 1 ou 2IL à f :16. C’est-à-dire qu’un objectif non pro qui ouvre à f1.4 n’aura pas son meilleur rendement avant f/2 environ. Et au-delà de f/11 il perdra de son efficacité (diffraction des rayons lumineux).
La sensibilité joue aussi. Un capteur a une plage de rendement nominale autour de 50, 100 ou 200 isos (ça dépend des capteurs). Au-delà sa réponse à la lumière se dégrade progressivement. Il ne s’agit pas seulement du bruit numérique mais aussi de sa capacité à différencier les détails (le fameux piqué).
Conclusion : des solutions ?
Au moment de la prise de vue les solutions découlent des problèmes. Ne pas trop monter en isos, rester dans la plage d’ouvertures optimales, …
Sauvegarder votre image au format raw pour avoir plus de possibilités en post-traitement.
Améliorer le piqué au développement (il y a des logiciels qui font ça), mais attention à l’effet carnaval. Souvent en améliorant une portion du cliché on dégrade l’autre. Ces logiciels accentuent souvent trop et créent des pixellisations désagréables. Observez attentivement le rendu sur l’ensemble de l’image avant de valider le résultat.