La PDC est la zone, en profondeur, que votre œil considère comme nette sur une image. C’est juste une impression. Chaque œil a un pouvoir séparateur propre qui va permettre au cerveau d’évaluer ce qui est net. On appelle ça le cercle de confusion. La PDC est donc une moyenne commune qui peut varier un d’un individu à l’autre. Au-delà de 2m un myope sans lunettes sera moins exigeant qu’un pilote de chasse …
On a coutume de dire que la focale de l’objectif influe sur la PDC. En fait ce n’est pas si simple !
Ce qu’on dit
Ci-dessous quelques images (moches !) prises du même point de vue, avec des longueurs focales différentes. La Mise Au Point est faite sur la mire. On voit que la PDC augmente nettement avec les focales courtes. MAIS le champ couvert est complètement différent. Ce n’est pas la même photo !
En fait ce n’est pas si simple ! Je m’explique :
Oui, la focale influe sur la PDC mais l’angle de champ joue aussi beaucoup. Avec un grand angle vous semblez avoir une PDC bien supérieure à celle d’un téléobjectif. MAIS si vous vous approchez pour « couvrir » la même surface les PDC seront à peu près identiques.
Ci-dessous, encore des images moches, la mire est photographiée avec des longueurs focales variées, et la même ouverture. MAIS je me suis rapproché pour couvrir toujours à peu près la même « surface ». J’ai utilisé deux zooms différents, ça explique les différences de piqué et fait les cadrages à main levé (pas toujours précis). On voit cependant clairement que la PDC est toujours à peu près la même quelle que soit la longueur de la focale choisie (à 22mm j’étais un peu juste pour faire plein cadre l’objectif n’étant pas macro).
Si vous faites la « même » photo la PDC sera identique quelle que soit la longueur focale.
C’est surtout important en macrophotographie quand on choisit un objectif. Avec une longue focale vous prendrez moins de risque de vous faire piquer ou de déranger un animal, et la PDC ne sera pas différente.
Pour info la PDC est presque toujours parallèle au capteur (sauf dans le cas particulier des objectifs à bascule et décentrement).
Pour faire un bilan : la PDC dépend de plusieurs facteurs :
L’angle de champ donc : c’est la combinaison focale/distance au sujet.
Le diaphragme choisit : plus on réduit le diaphragme plus on augmente la PDC. Avec deux bémols : A la plus grande ouverture les objectifs courants ont un piqué souvent médiocre. Et si on ferme trop se produit un effet optique de diffraction qui altèrera le piqué de l’image. Le piqué est un élément clé pour donner la sensation de netteté.
La taille du capteur a aussi son importance … En terme de cadrage (le fameux angle de champ), pour les APS-C il y a un coefficient multiplicateur d’environ x1.5 par rapport au Plein Format (24×36). Donc un 24mm PF équivaut à un 17mm sur un APS-C ; un 75mm PF à un 50mm sur un APS-C ; un 300mm PF à un 200mm sur un APS-C. Avec un appareil compact ou un smartphone vous aurez une grande PDC.
Pour info, les calculatrices de PDC ne donnent pas toutes les mêmes résultats … Le tableau est donc à prendre avec des pincettes.
Focale | Ouverture | distance MAP en m | PDC : 24×36 en m | PDC : APS-C en m |
17 | 5,6 | 1 | 0.87 | |
24 | 5,6 | 1 | 0,69 | |
50 | 8 | 10 | 20.41 | |
75 | 8 | 10 | 10.31 | |
200 | 8 | 10 | 0,77 | |
300 | 8 | 10 | 0,52 |
En pratique quelles sont les conséquences ?
Il faut réfléchir, lors du cadrage, à la zone que vous souhaitez photographier. En particulier si vous utilisez un zoom. Vous aurez plusieurs stratégies possibles :
Prendre au grand angle puis « cropper » au développement (perte de pixels).
Prendre avec un téléobjectif, mais perte de PDC (qui peut être compensée en fermant le diaphragme).
Prendre au grand angle en vous approchant … mais … perte de PDC (qui peut être compensée en fermant le diaphragme).
Penser aussi que dans le cas d’un grand angle il vous faudra prévoir assez de marge pour pouvoir redresser les perspectives sans couper un élément de votre composition (en architecture en particulier) .
La vraie question : Que souhaitez-vous « isoler » dans votre composition ?
La PDC fait partie de la composition. Il faut jouer avec. Dans le cas d’un portrait par exemple on cherche à isoler le sujet donc focale assez longue avec grande ouverture. En macro animale on cherchera à avoir une grande PDC mais on ne peut pas se rapprocher trop donc téléobjectif et diaphragme fermé + lumière d’appoint (augmenter trop la sensibilité entraîne une perte de qualité). En paysage ou en architecture un grand angle, voire un objectif spécial sera utile …
Conclusion
Une fois que l’on connait les bases techniques /théoriques il faut s’adapter en fonction de la situation et de son projet artistique. Un autre article sur la profondeur de champ est à venir.