Nous sommes souvent confrontés au problème de la Profondeur De Champ (PDC) en photographie rapprochée. Je mélange ici proxi et macro, les puristes seront choqués … Mais sur le terrain, même avec des objectifs spécifiques on fait plus de proxi que de macro. Aller au rapport 1:1 ou plus exige une précision que l’on obtient plutôt en studio.
De nombreux clichés faits en photographie rapprochée nous déçoivent. Le regard s’égare trop vite vers la zone floue pour finalement fuir l’image, même si celle-ci a été construite avec soin.
En effet, plus on s’approche du sujet pour bâtir son cadre plus la PDC est réduite. En photo rapprochée elle est souvent inférieure à 1mm. C’est un vrai problème à résoudre (ou essayer) …
Contrairement à une idée très répandue cette PDC ne dépend pas de la focale utilisée mais de l’angle de champ. Plus on est près (angle de champ étroit) moins on a de PDC. Ceci est indépendant de la focale utilisée. J’en ai déjà parlé, il y a un article sur le sujet (Profondeur de champ et champ couvert).
Pour information, en macro ou Proxi photo la zone de netteté apparente n’est plus de 1/3 devant le point focal et 2/3 derrière celui-ci mais d’environ 50/50 (ça dépend du rapport de la distance au sujet).
Des pistes
Je vous propose quelques pistes de solutions chacune a ses avantages et ses inconvénients.
Le capteur
Utiliser un appareil muni d’un tout petit capteur. Plus ce dernier est petit plus la PDC sera importante. Inconvénient : la sensibilité au bruit numérique a de fortes chances d’être assez importante, surtout si le nombre de pixels est important. Ce matériel est souvent (pas toujours) assez peu qualitatif en termes de piqué.
Le diaphragme
Fermer le diaphragme. C’est relativement efficace en proxi, mais peu sensible en macro (en passant de f :4 à f :11 vous gagnerez moins d’un mm). En tout cas en conséquence il faudra faire avec une perte de lumière. Si le sujet est immobile ou si on peut ajouter de la lumière (flash) ce n’est pas trop grave. Si on doit diminuer la vitesse ou augmenter la sensibilité ça peut poser des problèmes. En plus il y a des et limites optiques (problème de diffraction). Au-delà de f :11 on va constater une perte de piqué.
Le point net
Choisir avec soin le point net et jouer avec cette absence de PDC. Pour un petit animal ce sera un point fort, généralement l’œil. Mais dans certaines compositions le choix sera difficile. En particulier avec certaines fleurs qui présentent de nombreux points d’intérêt et dans les situations de prédations (ci-dessus) où il est intéressant d’avoir la netteté à la fois sur la proie et sur le prédateur.
Chercher un point de vue avec un important plan de netteté (latéral pour un insecte, de face sur une fleur plate, etc.). Il faut que le sujet et les conditions de prise de vue s’y prêtent.
S’éloigner est efficace aussi, on augmente l’angle de champ et donc la PDC. Mais plus on s’éloigne plus on perdra de pixels au recadrage (on dit « cropper ») ; Le piqué va lui aussi se détériorer fortement sous l’effet du grandissement. Ce n’est trop grave pour des images destinées au web, mais c’est peu gérable pour un tirage papier. Les logiciels d’agrandissement on quand même des limites.
Pour le pissenlit par exemple, avec mon matériel, pour avoir la même profondeur de champ que sur le l’empilement (image 3 de la série) il me faudrait être entre 3 et 4 m du sujet (Image 1). Sur les clichés « macro » (2 et 3) je suis à 30cm environ avec un 100mm.
Empiler
Faire du focus-stacking. C’est une technique d’empilement de photos prises avec un léger décalage de la mise au point. Cette technique nécessite un logiciel de traitement (il en existe au moins un gratuit). Cette technique nécessite des sujets très « stables » il faudra une très grande rigueur dans les prises de vues, le moindre frémissement de vent et votre empilement aura ses bords flous. De toute manière, les retouches sont le plus souvent indispensables. Simplement si vous avez soigné les prises de vue elles seront faisables.
J’ai essayé les deux techniques préconisées : mouvement sur un rail micrométrique et rotation calme et soignée de la bague de MAP. Je n’ai pas noté de différence significative entre les deux au niveau des résultats.
Se lever tôt
Sur des sujets vivants il faudra beaucoup d’essais et … de la chance :
Pour les insectes et autres petits animaux mieux vaut se lever tôt, quand ils sont encore engourdis et qu’il y a peu de vent. Plus vous aurez d’images correctes à empiler meilleur sera le résultat. Personnellement je règle l’appareil en rafale lente, MAP en manuel, je vise un point net derrière l’animal et je déclenche la rafale en essayant de ne pas changer de cadrage tout en tournant lentement la bague de MAP. Quand je ne me trompe pas de sens de rotation il m’arrive de réussir, de temps en temps. L’usage d’un monopode plus facile à gérer qu’un trépied peut rendre service.
A noter, quelques appareils ont une fonction focus-stacking : vous paramétrez le nombre de prises et l’écartement et il gère la rafale lui-même. A main levé ça diminue le risque de bougé.
Conclusion
Plus il y a de problèmes à résoudre plus un résultat satisfaisant est gratifiant … Alors là il y a de quoi faire !