Contrairement au cinéma qui en faisant défiler rapidement plusieurs images successives, montre le mouvement (persistance rétinienne à partir de 25 images par sec.) la photographie fige un instant précis.
Pourtant, il est quelquefois utile de donner la sensation du déplacement. Pour cela on fait appel à diverses « astuces » qui vont dynamiser l’image et donner la sensation de trajectoire.
Donner l’illusion du mouvement dans une photo par nature figée.


Les flous 2 types de flous
la condition pour obtenir un flou, quelle que soit la technique employée c’est de ne pas avoir une vitesse de déclenchement trop importante. La difficulté qui en résulte c’est le risque de bougé, ou plutôt de bougé incorrect.
- Le sujet est flou : c’est facile. On prend la photo sans bouger (avec ou sans trépied suivant la durée du temps de pose). Le fond sera parfaitement net, le sujet en mouvement apparaîtra comme flou. Le grand classique c’est la cascade ou le bord de mer (ça a été à la mode il y a … quelques années …). Une petite remarque, si vous utilisez un flash il faudra régler le déclenchement au second rideau pour avoir une trainée cohérente.
- L’espace négatif est flou : C’est plus complexe. Il va s’agir de suivre l’objet en mouvement pendant le temps de pose. Le sujet sera donc net et l’environnement sera flou. Cette technique demande entrainement et pratique. Le suivi doit être régulier et toujours centré sur un point précis du sujet (œil, centre d’une roue, etc.). Techniquement pour avoir plus de chance de réussite on commence à suivre le sujet. On déclenche ensuite et on continue le geste après la fermeture du rideau. Mais, même avec de l’entraînement le taux d’échec est assez important, en effet on ne choisit pas toujours le bon point de référence à suivre. De plus on a tendance à ne pas bouger suivant une trajectoire parfaitement rectiligne.
- La fonction surimpression des appareils. J’en parle plus bas.




Les postures ou déséquilibres
Cette astuce fait appel à notre connaissance intuitive ou expérimentale du mouvement : le déséquilibre est une position instable et évolutive. Poussière, gouttelettes, En conséquence si on fige une position en déséquilibre notre cerveau l’interprétera comme un mouvement en cours.
On pourra accentuer cet effet grâce à la composition : rôle des lignes et des diagonales, espace négatif plus important devant le mouvement que derrière, contreplongée, etc.
On peut tout à fait associer cette « astuce » à la précédente.


Le flash stroboscopique
Cette technique un peu particulière nécessite l’usage d’un flash possédant une fonction stroboscopique (c’est assez courant sur les flashes cobra par exemple). Le principe : l’appareil est posé sur un trépied, pendant le temps de pose le flash va délivrer une série d’éclairs.
Chaque éclair va figer un instant du mouvement. Le cliché final représentera donc les différentes positions de l’objet pendant le temps de pose global. Problème, il faut une ambiance lumineuse plutôt sombre. On peut aussi le faire en plein jour mais ça devient compliqué. Il faut assombrir la prise de vue artificiellement en fermant le diaphragme de l’objectif, et/ou en ajoutant un filtre gris neutre. Mais du coup il faut un flash beaucoup plus puissant pour éclairer la même zone.
Ça devient sportif si on tient compte que le flash n’a pas le temps de se recharger pendant la prise de vue. Au-delà d’un certain nombre d’éclairs il n’éclairera plus. Par exemple : si à chaque éclair le flash utilise 10% de sa puissance il pourra délivrer 10 éclairs, mais s’il doit utiliser 50% de sa puissance pour éclairer la scène vous n’aurez droit qu’à 2 éclairs.
En post traitement
En jouant sur les sélections et les calques on peut arriver à donner l’illusion d’un effet de type 1 ou 2 en appliquant un flou directionnel à l’un des calques.
Bon, ne rêvons pas, à moins d’être un as de la retouche et /ou d’y passer beaucoup de temps ça risque de se voir. Surtout dans les activités humaines où les différents segments du corps ne se déplacent pas de la même manière, ni dans la même direction (corps et bras d’un coureur par exemple). Mais ça reste une possibilité, en particulier avec les sujets mécaniques.
On peut aussi capturer une rafale du mouvement. Puis assembler en un seul cliché les différentes positions. L’appareil doit être posé sur pied. Le mouvement doit être parallèle au capteur (à cause de la mise au point et du cadrage).
Il existe sur beaucoup d’appareil une fonction surimpression qui fait peut-être la même chose (je n’ai pas essayé). Pourtant, dans ce cas le résultat risque de vous décevoir. Vous ne pourrez pas gérer le choix des positions les plus pertinentes en fonction du mouvement. Ce que vous pouvez faire si vous ne choisissez que les clichés intéressants au montage (ci-dessous 1 sur 2 environ).
Par contre, c’est un peu fastidieux avec des images lourdes et un ordinateur moyen. Choisissez une « tenue » contrastée par rapport au fond pour faciliter les détourages automatiques. Avec cette technique on peut aussi jouer sur les transparences des différents calques …
Conclusion
Donner la sensation du mouvement sur un cliché par nature figé est un défi intéressant, mais il ne faut pas oublier de composer l’image en la réalisant, sous peine de transformer une recherche graphique à un simple exercice technique.