Après deux articles sur la couleur un autre sur le noir et blanc s’imposait !
Pourquoi le noir et blanc
- Les monochromes, majoritairement le noir et blanc, sont à l’origine de la photographie. En supprimant les informations couleurs d’une prise de vue vous revenez aux fondamentaux.
- La couleur attire l’œil et peut détourner l’attention du spectateur, voire casser l’ambiance que vous souhaitez retranscrire (quelques couleurs vives dans une scène triste). Le N&B recentre l’attention sur votre propos.
- C’est un bon moyen d’apprentissage de la photo en privilégiant l’aspect graphique (la gestion de la couleur et des équilibres qu’elle impose complique la composition) … Ne rêvez pas ça n’arrangera pas une photo couleur ratée (au contraire ?).
- Elle permet des interprétations variées en restant souvent visuellement cohérentes: pour une photo couleur si on s’éloigne de la réalité ça se voit assez vite, en N&B seuls les extrêmes comme les solarisations se voient et ça reste graphique.
Éléments importants dans la composition en noir et blanc :
Les grands photographes du genre disent « voir » leur composition en noir et blanc !
La plupart, mais pas tous, privilégient des tirages bien contrastés, avec des ombres et des tons clairs texturées (contraste local).
Ils s’accordent à dire qu’en noir et blanc il faut penser graphisme : formes, silhouettes, ombres, lignes, textures, nuances.
Allez sur internet voir les photos des grands du N&B (et de la couleur aussi) !
Toutes les images ne profitent pas du noir et blanc. Si l’information colorée est importante dans la composition ou le sens c’est dommage de s’en passer !
Ci dessous l’image couleur et les tonalités de ses trois composantes colorées
Technique, prise de vue
Essayez de garder un niveau ISO bas (si vous voulez du grain, mieux vaut le rajouter après).
La dynamique linéaire des capteurs photo est moins complaisante avec le photographe que les films traditionnels. En conséquence es hautes lumières en particulier sont vite brûlées … et les blancs purs choquent l’œil humain dès qu’ils sont un peu gros.
Dans l’idéal, mieux vaudrait donc privilégier un réglage d’exposition pour les hautes lumières, les ombres bouchées se rattrapent mieux et sont moins perturbantes. … Une autre école qui dit exactement le contraire … Il semblerait que le type de capteur et d’appareil ait une influence dans ce domaine. Faites des tests personnels avec votre matériel.
Surveiller l’histogramme. Pour information l’histogramme qui apparaît sur les appareils photos est celui de l’interprétation jpg que fait l’appareil, pas du raw (d’ailleurs d’une certaine manière c’est le cas aussi pour les dématrisseurs si on ne règle rien).
Pour la même raison, mieux vaut photographier en raw, les réglages ultérieurs seront plus efficaces et les possibilités beaucoup plus variées : le jpg permet un ajustement sur 256 niveaux de tonalité par couche (canal sous Gimp) RVB alors que le Raw en autorise 4096 ou 16384 suivant les appareils. Les transitions de gris seront plus douces, vos réglages plus fins.
Quand vous choisissez un aperçu noir et blanc sur l’appareil sachez que celui-ci est une interprétation du fichier couleur original (le plus souvent simplement une désaturation avec augmentation du contraste). Pour le conserver il vous faut choisir un enregistrement « raw + jpg » sur la carte mémoire. Le jpg donne une idée mais travailler le raw est beaucoup plus riche.
Pour les puristes renseignez-vous sur internet sur le zone-system mis au point par Ansel Adams un très grand du noir et blanc intéressant pour la formation de l’œil mais pas très exploitable en numérique.
Post traitement (pour les raw !) : de la teinte aux tonalités
- Les grands photographes N&B passaient énormément de temps à travailler en labo pour affiner leurs prises de vue et parvenir au tirage parfait, ils ne se débarrassaient pas de la pellicule une fois la photo prise (et pareil en couleur).
- Le traitement à minima consiste à désaturer les couleurs, éventuellement à améliorer le contraste général. Ça donne souvent des noirs et blancs un peu ternes, (plats ou doux suivant les appréciations).
- Mieux vaut sur un raw, passer en noir et blanc, puis régler les canaux colorés. J’explique ce paradoxe : bien que l’image soit en noir et blanc elle conserve les informations lumineuses (de luminance) des différentes couches colorées RVB (nombre de teintes variable suivant le logiciel de traitement), on peut donc manipuler ces couches pour par exemple assombrir ce qui était bleu, éclairer ce qui était rouge, etc.
- L’outil « courbes » permet de modifier le contraste général en faisant un S plus ou moins prononcé, ou le contraire, etc.
- Vous pourrez aller plus loin avec le contraste local (clarté), les réglages locaux de densité (éclaircir/assombrir sous Gimp) les calques, et les masques. A vous d’interpréter votre cliché à loisir à l’aide de ces outils, jouer sur les ombres, les contrastes, les lignes, les courbes …
- Attention, toujours surveiller l’histogramme pour ne pas griller les blancs ou trop boucher les noirs.
Tout est affaire de goût personnel, de ressenti, de projet d’expression.
Effets spéciaux :
Avant tout, si vous exportez votre raw avec l’intention de le retravailler dans un autre logiciel graphique évitez le jpeg, choisissez le tiff qui va vous donner une profondeur de codage sur 16 bits soit 65000 nuances par couche.
- Négatif (noir et blanc ou couleur) : s’obtient en inversant les courbes (outil courbe)
- Hight-key : on privilégie nettement les hautes lumières (sans rien brûler) et en gardant quelques éléments dans les ombres (surveiller avec l’histogramme)
- Low-key : Le contraire
- Solarisation : courbe en W ou en M (Man Ray était un spécialiste).
- Pseudo infrarouge (pour le vrai il faut une prise de vue spéciale) mais on peut tricher.
- … tout ce que j’ai oublié !
Conclusion
Le noir et blanc offre une très riche palette de possibilités. Et NON, ce n’est pas une vision ringarde et passéiste de la photo. Si vous en doutez regardez les images sublimes de Sebastião Salgado.
En plus c’est extrêmement formateur !