La base du graphique qui illustre cet article est pris sur le net, il n’est pas de moi !
La plupart de nos photos finissent dans la mémoire de nos ordinateurs. Certaines, privilégiées, seront montrées, serviront un temps de fond d’écran. Si vous avez un site internet, un blog, … , vous pourrez les proposer à la vue de tous.
Mais l’étape ultime pour une image, la consécration, c’est le tirage papier ! Et, éventuellement l’exposition publique. Par contre, c’est cher, il faut nécessairement sélectionner les meilleurs clichés. Alors autant ne pas être déçu par les tirages.
Pourtant, c’est souvent le cas pour nous les amateurs !
Pourquoi ?
- Il arrive que nous utilisions des images mal ou pas assez définies. Dans ce cas on voit les pixels (recadrage trop important).
- L’augmentation logicielle de la définition entraîne une perte de naturel.
- Nous n’avons pas vérifié l’histogramme avant d’imprimer.
- Nous faisons appel à des tireurs industriels, contrairement aux pros qui utilisent les services d’artisans très compétents, et … très chers.
- … et ce qui suit …
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Un problème de gamut
Le gamut c’est le champ de couleur couvert par la technologie.
En imprimant vous passez du mode RVB (écran, synthèse additive : l’addition donne du blanc) au CMJN (les encres d’imprimerie, synthèse soustractive : l’addition donne du noir). Ce n’est pas sans conséquences. Les couleurs ne sont plus fidèles. A réglages identiques elles seront plus ternes, moins saturées, la gamme des verts en particulier sera moins étendue.
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La lumière
Les tirages manquent en général de « pêche ». Notre œil est habitué à voir les images sur un écran. La luminosité y est constante, et en général assez forte. Le tirage papier lui est dépendant de la lumière ambiante souvent inférieure à la lumière « plein jour ». Sur papier les contrastes sont donc atténués, surtout dans les hautes lumières. Le papier photo que j’utilise, du satiné relativement haut de gamme, a le même indice de luminosité que l’écran quand il est exposé en plein jour ; sinon il perd au moins 1 à 2 IL, voire plus dans une pièce éclairée « normalement ». Si votre image est sombre l’effet sera accentué sur papier. A cela il faut ajouter les dérives causées par la température d’éclairage de la pièce (partiellement compensée par votre cerveau).
Les encres
La plupart des imprimantes n’ont pas une gamme de couleurs suffisante pour rendre l’ensemble de la gamme CMJN. Avec 3 couleurs plus du noir c’est impossible. Avec 8 à 12 teintes et autant de réservoirs fort chers à l’unité vous vous approcherez un petit peu. Même le système pro Pantone réservé au très haut de gamme (14 encres de base) ne couvre pas les capacités de l’œil.
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Alors ?
Hypothèse la plus favorable vous avez étalonné l’ensemble de la chaîne de production d’images : Appareil photo avec son objectif, points blanc/noir/gris neutre à la prise de vue, moniteur (profil ICC du moniteur), imprimante avec le papier servant au tirage (profil ICC du couple papier + imprimante). Tout ça avec le même profil SRGB qui n’est pas génial mais qui est l’espace standard des moniteurs de gamme moyenne et le plus proche des capacités des imprimantes (le ARVB est un peu plus performant surtout dans les verts).
Vous aurez quand même des déceptions ! Le gamut de chaque couple imprimante/papier est spécifique et moins étendu que les espaces photos, qui sont eux-mêmes inférieurs aux capacités de l’œil humain (même si l’espace Prophoto en est très proche). Les meilleures imprimantes couvrent à peu près l’espace sRGB (les imprimantes du système Pantone font mieux) mais nettement moins que les autres espaces.
En général on fournit au tireur industriel une image au format jpg compressée dans l’espace sRGB ou ARGB alors qu’un vrai « pro » vous demandera un format tiff CMJN espace Prophoto pour des dégradés plus subtils.
En noir et blanc le problème est le même, voire pire chez les tireurs industriels. Le rendu de la subtilité des tons de gris nécessite beaucoup de savoir-faire, du matériel sophistiqué et un papier au blanc parfait.
Des solutions ?
Basculer l’image en mode CMJN pour se faire une idée plus précise du rendu probable des couleurs.
Anticiper une perte probable de luminosité de 0.5 à 1 Il environ (à tester).
Demander au tireur le profil ICC de son matériel (imprimante + papier) pour ajuster en fonction de celui-ci (les logiciels peuvent simuler le tirage). Certains le communiquent, c’’est un plus.
Faire confiance à votre imprimante en lui demandant de s’occuper de tout à votre place.
Acheter une imprimante sophistiquée (type A3+ avec 8 réservoirs, ou mieux). Dans ce cas, faire un tirage préalable en petit format sur le même papier et ajuster la luminosité, les teintes, le contraste et la saturation de telle ou telle couleur en fonction du résultat constaté vs le résultat souhaité. Après quelques tâtonnements vous pourrez faire des tirages à votre goût. Il faut savoir qu’un tirage soigné à la maison va vous revenir 2 à 3 fois plus cher que le même par un industriel.
Les papiers photo haut de gamme ont des profil ICC adaptés à chaque imprimante, les appliquer au moment du tirage permet de gagner du temps.
Vous pourrez aussi faire l’acquisition d’une sonde pour calibrer un profil ICC pour chaque couple imprimante/papier ; c’est assez fastidieux (et même très lassant) et, si le résultat sera plus « juste » il ne vous plaira pas forcément !
Aller voir un « vrai » tireur, si vous avez les moyens et qu’il a du temps à vous consacrer.
Mettre le tirage sous cadre avec un passe-partout. Votre tirage en sera tout de suite magnifié. Je conseille une « vitre » antireflet, sachant que celle-ci aura malheureusement une influence sur le rendu de l’image qui apparaitra moins nette, moins piquée, légèrement floue … Les vitres « normales » plus fidèles produisent en revanche des reflets gênants pour le spectateur (ça dépend de l’éclairage, bien sûr). Il faut aussi savoir que certaines « vitres » en PVC induisent des modifications de la gamme colorimétrique (souvent vers le bleu).
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Conclusion
Comme souvent dans notre domaine tout est question de moyens, de compromis et de goûts personnels. Certains vont aimer des tirages très saturés et très contrastés, d’autres des teintes plus douces (ça peut aussi varier suivant les sujets). Certains préfèreront du papier brillant plus lumineux, mais sujet aux reflets, d’autres du mat, du satiné, … C’est une question de goût. Ce qui vous plait et vous fait plaisir sera le bon choix !
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