Qu’est-ce que le HDR (Hight Dynamic Range). C’est un procédé photographique qui permet de privilégier les tons moyens au détriment des très hautes et très basses lumières. On l’emploi surtout en photo de paysages. Ça a été très « à la mode » … il y a une dizaine d’années. On en parle moins : l’aspect souvent peu réaliste a fini par lasser et, à mon sens, ce n’est pas une mauvaise chose !
Pourquoi le HDR
Les différences de lumières perceptibles par un œil humain sain sont beaucoup plus importantes que celles d’un capteur. Elle est d’environ 14 IL pour le capteur (ça évolue avec les progrès techniques) et de 21 IL pour l’œil (ça évolue avec … l’âge). Sachant que 1 IL (Indice de Lumination) correspond au doublement de la quantité de lumière la différence est énorme (26 = 64 ; l’œil humain est 64 fois plus sensible aux variations lumineuses).
L’œil humain s’adapte en permanence (pupille + cerveau) alors que le capteur, une fois les réglages choisis (ouverture, sensibilité) « fait avec ». Ce qui explique le paradoxe de la capacité du capteur à mieux « voir » dans le noir mais à mal saisir les écarts de luminosité.
Remarque : la plage dynamique maximale du capteur est donnée pour sa sensibilité nominale. Si vous augmentez les isos elle diminuera.
En conséquence, suivant les conditions de prise de vue votre photo aura des zones bouchées (noires) ou, plus grave, brûlées (blanches).
On ne peut pas faire grand-chose sur une image où les parties « blanches » sont trop importantes. Si vous diminuez les blancs écrêtés vous obtiendrez du gris clair « sale » pas très esthétique. Le noir bouché « passe mieux ».
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Le principe technique du HDR
Annuler les très hautes et très basses lumières. Comment ? En modifiant la « pupille » de l’appareil : l’ouverture. Mais bien sûr pour cela il faudra prendre plusieurs images (3 à 5) à différentes ouvertures. A priori l’écart va varier entre 1 à 3 IL, à tester suivant vos goûts et les conditions de lumière.
Aux extrêmes théoriques par rapport à la vision humaine (21IL vs 14 IL) : 21-14=7, 7/2=3.5. Donc une photo à -3.5IL une à 0IL et une à +3.5IL par exemple. Si l’écart est aussi énorme mieux vaudra prendre 5 images que 3. Généralement 2IL suffisent. Ça a l’air compliqué mais sur les appareils modernes il suffit de régler l’option bracketing.
Enfin combiner les clichés pour supprimer les extrêmes. Attention, le point où vous faites la mesure de la lumière n’est pas neutre dans les réglages. Pour cette forme de photo je pense qu’il faut éviter les mesures centrées et choisir la multizone.
Problème, il vaut mieux un trépied et des images sans mouvement (d’où le fait qu’on privilégie les paysages …). Si vous shootez à main levé, ou si un souffle d’air fait bouger les branches vous perdrez du piqué lors de l’empilement des images. Ou pire si des objets sont en mouvement (images fantômes).
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Les différentes méthodes pur obtenir un HDR
Le HDR direct par l’appareil. Les appareils récents proposent très souvent une option HDR. Vous choisissez l’effet souhaité (il y a plusieurs options) et l’appareil s’occupe de tout. Vous obtenez le cliché « de vos rêves ». En général il y a divers rendus possibles dans les menus de l’appareil, certains plus caricaturaux que d’autres.
Le HDR en post production. Vous prenez 3 à 5 clichés en variant l’ouverture (bracketing) et vous faites vous-même la fusion avec un logiciel. Inconvénient : c’est plus complexe. Avantage vous gardez la main sur l’image et vos choix esthétiques.
Le pseudo HDR avec une seule image. Certains logiciels de développement proposent de faire du pseudo HDR à partir d’une seule image raw. Sur des jpg c’est peut-être possible mais le résultat sera probablement très médiocre.
Avantage et inconvénient du HDR.
A faible dose, quand c’est assez discret, ça peut étendre la plage dynamique de l’image et améliorer son rendu. Mais attention, l’image peut très vite devenir « bizarre », avec un effet peu naturel. En fait le problème, quand on débouche les ombres en particulier, c’est que l’image n’est plus réaliste. Pour moi, ce qui est dans l’ombre doit le rester, sinon l’image n’a plus de cohérence lumineuse. Autre problème le HDR tend à exagérer vraiment beaucoup la saturation qui devient très forte.
Par contre, on peut aimer et rechercher l’effet totalement surréaliste que des réglages extrêmes donnent à l’image. Ce peut être une démarche créative et graphique et c’est respectable, gardons-nous de juger !
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Des alternatives
- Accepter de perdre certaines informations.
- Noir c’est noir … il y a l’espoir … d’avoir une image bien contrastée. Ce sont plutôt les blancs cramés qu’il faut chercher à éviter. On dit exposer pour les hautes lumières.
- Sous-exposer l’image raw de 1à 2IL et récupérer quelques noirs en post production (pas tous).
- Jouer avec cette dynamique particulière. Les contrejours, les silhouettes sont un genre à part entière qui mérite d’être exploité.
Conclusion
Le HDR peut avoir un certain intérêt dans les situations de forts contrastes lumineux. Il permet de ne pas perdre de détails sur l’image. Dans ce cas, mieux vaut prendre soit même les 3 à 5 clichés et retoucher manuellement.
Cependant, les capteurs ont fait tellement de progrès en termes de plage dynamique que le recours au HDR ne sert plus à grand-chose si vous exposez pour les hautes lumières et que vous sauvegardez et travaillez votre cliché dans le format raw. Ce dernier permet de « rattraper » sans trop de problème jusqu’à 2IL (je n’ai jamais essayé plus).
On peut aussi choisir le HDR, en exagérant le procédé pour aller vers une image totalement irréaliste. Dans ce cas, il me semble indispensable que l’intention soit claire (titre, série, etc.).