… Alors ; sommes-nous des artistes ? A la fin la réponse est toujours … NON !
Cet article est la suite de celui intitulé : l’art et la photo
Le petit monde de l’Art
Le marché de l’art : c’est le lieu où l’art se marchande. Il est soumis aux règles de l’offre et de la demande. Le prix (la côte) dépend de critères variés : la mode beaucoup, l’ancienneté un peu, l’originalité, la démarche, la reconnaissance historique, la rareté, … Une signature suffit quelquefois à faire s’envoler un prix (Marcel Duchamp et ses ready-made).
De nos jours le monde de l’art est un milieu étrange où la créativité et la recherche des « producteurs » côtoie le snobisme l’argent les coteries, et heureusement quelquefois le goût, des vendeurs des acheteurs et de quelques mécènes. Si vous souhaitez devenir un artiste, créez d’abord et surtout un réseau influent.
Le critique d’Art
Le critique d’art : c’est une personne, souvent un minimum cultivé (quand même), qui juge une œuvre. On ne sait pas très bien au nom de quoi il s’arroge ce droit (Paul Cézanne). Un vrai juge s’appuie sur un code, des lois, une jurisprudence qui lui sont imposés. Le critique lui s’appuie sur son égo, souvent démesuré, sur son envie de faire plaisir … ou pas, et sur sa plume souvent acérée, quelquefois brillante.
Le critique a une influence (forte à court terme) sur la fabrication de l’opinion, de la côte, voire de l’histoire de l’art … Tous les domaines de l’Art foisonnent de critiques « célèbres », « compétents » et « spécialistes » qui n’ont rien compris. C’est un peu leur spécialité.
Mais, à leur décharge, étant « formés » et cultivés ils sont emmenés à avoir une vision normée, académique, calibrée par les archétypes de leur spécialité. Ce qui change ne peut que les dérouter, les choquer. Ajouter à cela qu’ils font partie de réseaux dont ils sont plus ou moins redevables et vous aurez une idée de la valeur de leurs jugements. L’émergence de l’Art contemporain a cependant fait évoluer le milieu qui tend à devenir moins conservateur et participe même activement à certaines recherches graphiques et plastiques.
Ne parlons pas des « critiques » amateurs qui inondent les sites et les réseaux « sociaux ». Ils sont encouragés par des marchands qui récupèrent leurs profils à des fins commerciales. Ils pensent souvent être brillants en singeant le style des « pros », … les pauvres !
Alors ?
Alors qu’est-ce que l’Art ? Suivant les périodes on a utilisé de nombreux mots, souvent imbriqués, pour définir une œuvre d’art du plus simple (18ème siècle) au plus diffus : beau, agréable, esthétique, goût, nouveau, créatif, émotion, passion, expression, sensibilité, recherche, démarche, …
Définir l’Art a préoccupé de nombreux philosophes. Rassurez-vous il n’y a pas de consensus … tant la philosophie est étroitement liée à l’évolution et l’histoire des civilisations. Et … tant les philosophes passent du temps à essayer de comprendre et « critiquer » leurs prédécesseurs !
Philosophie et Art ne font pas forcément bon ménage. L’art s’adresse avant tout à notre affect (c’est une séduction), à notre « passion ». La philo revendiquerait plutôt l’appel à notre « raison » (ce n’est pas le sujet mais il y aurait beaucoup à dire sur ce mensonge). Voilà pourquoi on peut apprécier, ou non, une œuvre, et même la « sentir » différemment suivant notre état d’esprit. Et aussi pourquoi mieux vaut se taire que prononcer un jugement. Une œuvre n’a pas besoin d’être « belle », « esthétique » ; il suffit qu’elle touche, interroge, surprenne. Et pas forcément tout le monde !
Être un Artiste demande un engagement profond et du talent pour « assouvir » ce désir d’expression et aller au bout de son projet. En conséquence il est impossible de juger une œuvre, elle s’inscrit dans un tout (des œuvres de jeunesse aux dernières en passant par les différentes périodes) qui est l’artiste lui-même. Un artiste qui n’évolue plus mais continue de produire devient un artisan, voire un industriel (… riche).
Conclusion, et nous ?
Personnellement je ne me sens pas artiste. Ma démarche artistique est le plus souvent absente ou erratique. Et je ne suis même pas un artisan ! Ni mon engagement, ni mes compétences techniques ne le permettent. En fait je cherche plus le plaisir, le progrès, quelquefois la créativité, que le message ou la démarche globale (transcendantale dirait Dali).
Alors, même si notre approche relève parfois, très ponctuellement, de la recherche artistique seule une petite poignée de photographe se verra peut-être, un jour, qualifiée d’artiste (par un « milieu » et des critiques « compétents »). Que cela ne nous empêche surtout pas de prendre beaucoup de plaisir dans ce modeste loisir créatif.